Joe G. Pinelli

Publié le par idem-mag.over-blog.com

Joe G. Pinelli
Peintre en bande-dessinée
Joe Pinelli photo crédit Fabrice Poincelet
 

 

 

A cinquante ans, Joe G. Pinelli vient de réaliser avec Féroces Tropiques [cf. chronique ci-contre], quatre-vingts pages d'un art pur et saisissant, grâce à une utilisation remarquable de la peinture à l'huile. Après avoir écumé les fanzines dans les années 80's, c'est aujourd'hui Dupuis et sa fameuse collection Aire Libre qui publie un ouvrage sombre et pourtant très coloré...

 

 

 

Il ressort beaucoup de mouvement de ton dessin...
Je travaille l'huile depuis une vingtaine d'années. Je découvre, j'essaie. Les résultats publiés jusqu'à présent étaient des ouvrages d'illustration. Dans Féroces Tropiques, à la suggestion de José-Louis Bocquet [scénariste et directeur d'Aire Libre, NDLR], nous avons passé un cap et adapté cette technique picturale à la bande-dessinée. Le challenge consistait donc à faire de cet album une œuvre à la fois picturale et fluide d'un point de vue narratif.

Décris nous ton utilisation des couleurs.
J'ai développé ce que Marc Rothko [peintre abstrait américain] appelle les champs colorés, avec un fond coloré par séquence. Il y en a sur fond gris, orange, safran puis bleu pour la fin. La couleur intervient donc de manière narrative, au même titre que le dessin. Cela fait vingt ans que j'avais ce souhait de champs colorés mais la mise ne place est lente. J'ai pour projet deux autres ouvrages dans la même veine et d'autres de mes collègues travaillent également en ce sens.

Quel est ton rapport avec Heinz, le peintre du récit de Thierry Bellefroid ?
Heinz vit en moi. Thierry Bellefroid l'a façonné, lui a donné une nom. C'est un homme qui ne trouve pas sa place dans son époque et dans « sa » société industrielle qui, en mettant en avant la marchandise d'armement de Krupp, a provoqué la guerre de 14-18. Je ne suis pas toujours d'accord avec les positions du personnage qui a un engagement qu'on peut qualifier d'ambigu puisqu'il décide de peindre mais également de s'isoler, de partir en mer.

Si la peinture a pu être une arme à quoi peut servir la bande-dessinée actuelle ?
Aujourd'hui, je ne vois pas, contrairement à Dada, l'artiste comme pilier de la société. Il est plutôt la cent-cinquantième roue du carrosse, sauf dans la variété où il a une place d'amuseur. Par contre la bande-dessinée peut contribuer à développer l'imaginaire, susciter et partager des idées ou des émotions, animer voire même allumer...

 

 

 

Propos recueillis par Benoît Guerrée

Féroces Tropiques, Éditions Dupuis, Collection Aire Libre, Février 2011

Publié dans Interviews bd.

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