Pablo Moses

Publié le par idem-mag.over-blog.com

Pablo_Moses_credit-OlivierPon-1-copie-1.jpgDu pain sur les planches

 

Après 15 ans sans sortir d'album studio et un accident, Pablo Moses est de retour avec un nouveau disque qui marque sa "Renaissance". Démontrant, s'il en était besoin, que les artistes roots sont immortels et qu'il ne faut jamais les enterrer trop vite !

 

Ton premier single et succès, "I Man a Grasshoper", a été enregistré au Black Ark Studio par Lee Perry. Quels souvenirs gardes-tu de cette collaboration ?
J’avais 27 ans. Avoir été dans un studio avec Lee Perry et Geoffrey Chung a été un plus pour moi. Il existe assez peu de producteurs comme Lee Perry, il est le "dub master".

Ta discographie a été profondément marquée par ta collaboration avec Geoffrey Chung, qui est malheureusement méconnu du public. Peux-tu nous en dire plus sur lui ?
C'était l'un des meilleurs musiciens que la Jamaïque ait jamais connu. Ensemble, nous avons fait trois albums. Je lui en suis très reconnaissant. Il jouait de la basse, de la guitare et du clavier, et il était également un très bon ingénieur du son. On le surnommait le "Chirurgien". Il manque beaucoup au reggae, et il me manque aussi.

Entre les albums Mission et The Rebirth, 15 années se sont écoulées, avec rien d'autre à se mettre sous la dent que quelques disques live et des compilations. Pourquoi avoir attendu autant de temps ?
Pour plusieurs raisons... D’abord, j'ai perdu le contrat que j'avais avec un label français. Celui-ci a été vendu à un grand groupe et j’ai été noyé dans la masse de leurs artistes. Ensuite, j'ai eu un accident : mon crâne a été heurté et un vaisseau sanguin a éclaté dans ma tête, j'ai passé quatre jours dans le coma. C’était il y a quatre ans, beaucoup de gens ont d’ailleurs cru que j’étais mort. Mais grâce à l’amour que j’ai pour ma famille et mes proches, Jah m’a permis de survivre pour me laisser finir mon travail. J'ai dû également faire des tournées pour épargner en vue de la production de l'album The Rebirth.

As-tu pensé à arrêter ta carrière de chanteur pendant cette période ?
Non, je n’ai jamais pensé à interrompre mes voyages musicaux. La musique est toute ma vie.

Sur ton album tu as pris des musiciens vétérans tels que Sly & Robbie, Robbie Lyn, Dean Fraser ou encore Dwight Pinkney. Comment les as-tu choisis ? Pourquoi n’avoir convié personne de la nouvelle génération ?
J'aime travailler avec les musiciens de la vieille école, surtout si je recherche un son particulier. Mais j'ai aussi employé les services de deux jeunes musiciens en provenance du Brésil, Carlos Salias et Franklin 'Bubbler' Waul.

Le disque dur où se trouvaient tous les titres de l’album The Rebirth a lâché en cours de route. Tu as donc dû tout reprendre depuis le début ?
Il n’y avait que cinq chansons en fait. J’ai donc demandé aux musiciens de les refaire pour moi et ils ont accepté. Ils ont bien réagi, j’entretiens de bonnes relations de travail avec eux. J’ai fait de mon mieux pour que l’on retrouve le même feeling et on y est arrivé, à peu de choses près : on a obtenu quelque chose de meilleur encore, j’adore le résultat final !

Chacun de tes albums correspond à un concept précis. Quel est celui de The Rebirth ?
Pour dire la vérité, après avoir été loin des studios d’enregistrement pendant une longue période et être resté dans le coma allongé dans un lit, presque aux portes de la mort, je pense qu'il était tout à fait approprié d’intituler ce nouvel album "la renaissance".

Pourquoi le reggae roots reste aussi populaire en Europe, alors qu'en Jamaïque cela n'intéresse presque plus personne ?
Tout d'abord, la plupart des gens qui font du reggae roots sont rastas, et la plupart des gens en Jamaïque sont chrétiens. Il y a plus d'églises au mètre carré en Jamaïque que dans n'importe quel autre pays du monde. Ensuite, quand le dancehall a commencé à émerger, beaucoup de producteurs ont payé de grosses sommes d’argent pour que leurs artistes soient diffusés à la radio. C'est la grande différence avec les années 1970, où si ta musique n’était pas bonne, personne ne la jouait. Il n’y avait que les bonnes chansons qui pouvaient être jouées. Maintenant, c’est celui qui paie le plus qui pourra entendre sa chanson à la radio.

Dernièrement, tu as collaboré avec les Californiens de Groundation…
Ce sont de bonnes personnes. Ils aiment le reggae roots et ils contribuent à la redécouverte de cette musique. Le chanteur, Harrison Stafford, m’a présenté au reste du groupe et je me réjouis que nous nous soyons rencontrés. Lorsqu'il m’a demandé de participer à leurs projets, je ne pouvais pas leur refuser, ni me refuser cette opportunité de travailler ensemble. Et j’ai l’intention de travailler à nouveau avec eux dans l'avenir. S’ils me le permettent.

Que penses-tu de la nouvelle génération d'artistes yardies comme Konshens, Mavado, Vybz Kartel ?
J’aime quelques chansons de Mavado, et d’autres pas. Je n’ai jamais écouté Vybz Kartel et je n’aime pas ses chansons. Et Konshens, je ne le connais pas. Mais j’essaie d’écouter tous types de musiques pour en apprendre davantage.

Qu’est-ce qu'un rasta aujourd’hui, en 2010 ?
Comme je l’ai dit dans une de mes chansons, l’esprit de Jah travaille. Partout dans le monde, Rasta grandit. Ma vision de Rasta est la suivante : peu importe les épreuves que l’on peut rencontrer, nous devons toujours garder en tête notre devise d’égalité des droits pour tous, continuer de faire de choses positives pour Jah Rastafari. Personne ne peut stopper le pouvoir de Rastafari, sauf Rasta lui-même. Et nous n’en avons pas l’intention. Chaque jour, des jeunes rastas font leur apparition et prennent possession de la culture, de la politique, de l’économie et de la spiritualité de Rastafari. "I’m a rastaman the outlaw" !

 

Recueilli par Ben Péronne & Gilbert Pytel (© Reggae Vibes magazine (www.reggaevibesmag.fr)

 

www.myspace.com/pablomosesofficial

Pablo Moses en tournée


Cover_Pablo_Moses.jpg25.01.2011 - New Morning – Paris
26.01.2011 - Grand Mix - Tourcoing
27.01.2011 - La Laiterie - Strasbourg
28.01.2011 - L'Ouvre-boite - Beauvais
29.01.2011 – Le Fil 7 - Magny le Hongre
30.01.2011 - Le Forum - Vaureal
01.02.2011 - Cabaret électrique - Le Havre
02.02.2011 - Lo Bolegason - Castres
03.02.2011 – Passagers du Zinc - Avignon
04.02.2011 - Theatre Lino Ventura - Nice
05.02.2011 – La Case à chocs – Neuchatel (Suisse)
06.02.2011 - Café Charbon - Nevers

Publié dans Interviews m.

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