Jérémy La révélation

Publié le par idem-mag.over-blog.com

autoportraitC'est l'une des plus belles surprises de l'année 2010. A seulement 26 ans, Jérémy publie son tout premier album, se paie le luxe d'illustrer Jean Dufaux, un monstre sacré de la BD franco-belge et se fait éditer par la maison Dargaud. Son dessin sur fond de piraterie est réaliste et saisissant, apporte une profondeur, une proximité face à l'action et aux sentiments. Entre la réalisation de deux planches du second tome de Barracuda (cf. chronique ci-contre), il prend le temps de nous éclairer sur la réalisation de ce bijou graphique.

On est frappé par l'intensité et la variété physique des protagonistes de Barracuda...
Quand on a une grande palette de personnages, il faut pouvoir les distinguer au premier coup d’œil, par des particularités physiologiques. C'est pour cela que je travaille souvent à partir de photos d’acteurs pour ensuite les modifier. Par exemple, le héros Blackdog a été conçu à partir du visage d'Al Pacino, sans qu'on le reconnaisse pour autant. La base extérieure permet de ne pas se répéter, ne pas croquer toujours le même type de figures.

Tu parais attacher beaucoup d'importance aux regards, il y a beaucoup de gros plans...
C'est l'essentiel. On peut faire un beau visage mais si on loupe le regard, c'est tout le visage qui est raté. J'ai choisi des plans rapprochés car c'est par les personnages  que l’histoire passe et leur regard les rend humains, comme c'est voulu dans le scénario de Jean Dufaux. Je suis très libre dans mon travail : parfois, mes choix de dessin peuvent amener l'histoire à se développer sur tel ou tel individu.

Quelle a été ta principale source de documentation pour l'univers de la piraterie ?
Pirate des Caraïbes bien sûr mais aussi des films de pirates plus anciens comme L'Aigle des Mers [1940, Michael Curtis, NDLR]. D'ailleurs, la scène d'introduction du tome 1 où l'on voit l'abordage  d'un navire espagnol et la capture des femmes est un hommage à la première scène de ce long-métrage. En même temps, la majeure partie de l'action de déroule sur terre et non pas sur les bateaux. Pour une histoire de pirates, c'est rare, encore un contre pied du scénariste !

Quelles sont tes influences majeures en dessin ?
J'aime beaucoup d'illustrateurs mais j'ai surtout été influencé par le dessin réaliste de gens comme Rosinski (Thorgal, NDLR) Guarnido (Blacksad), Marini (Rapaces) ou Delaby (Murena). Cependant je veux évoluer. J'étais fan de manga étant adolescent, je pense pouvoir en utiliser certains codes. Il faut s'ouvrir à tout ce qui se fait et se laisser irriguer par différentes formes artistiques pour pouvoir avancer.

Propos recueillis par Benoît Guerrée

Barracuda, paru en octobre 2010 chez Dargaud

Publié dans Interviews bd.

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